Collede peau de lapin en poudre, colle animale souple et resistante à l'humidite. colle pour la dorure a la feuille et les enduits. Connexion Contactez-nous. Rechercher. Panier 0 Produit Produits (vide) Aucun produit à définir Livraison
Lâauteur traite ici des âCollesâ, Ă©lĂ©ment majeur de fabrication et de conservation dans les domaines de la dorure et de lâĂ©bĂ©nisterie dâart ; il expose dâabord les vertus des colles anciennes â colle de peau de lapin qui renaĂźt, colle de poisson essentiellement utilisĂ©e pour les marqueteries Boulle qui nâexiste plus aujourdâhui, le succĂšs Ă©phĂ©mĂšre ensuite des colles synthĂ©tiques araldite standard, colle nĂ©oprĂšne contact, colle vinylique, et termine en exposant quâaujourdâhui la meilleure solution est la colle forte faite de fibres protĂ©iniques extraites des os et des nerfs des bovins. La revue Experts n° 09 â 09/1990 © Revue Experts A travers la prĂ©sentation des diffĂ©rentes colles utilisĂ©es en dorure et en Ă©bĂ©nisterie, notamment celle de peau de lapin, est Ă©voquĂ© le drame auquel sont confrontĂ©s quotidiennement Ă©bĂ©nistes dâart et doreurs une dĂ©gradation de la qualitĂ© des produits de base telle, quâelle empĂȘche souvent dâeffectuer un travail satisfaisant. LâĂ©tude qui suit sâimposait donc, non seulement parce que quand on aime un objet, on aime le connaĂźtre, lâobserver, dĂ©couvrir sa vie Ă travers sa fabrication, mais aussi parce que, si lâon nây prend garde, les mĂ©tiers dâart traditionnels qui ont fait le renom de la France disparaĂźtront dans lâindiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale. Lâartisan dâart et lâartiste qui Ćuvrent avec des matĂ©riaux traditionnels subissent sans cesse les avatars du monde moderne, oĂč sâeffrite jour aprĂšs jour la qualitĂ© des produits vendus. La gomme laque, par exemple, au fil des ans, nâest plus extraite avec le mĂȘme soin et comporte de plus en plus dâimpuretĂ©s. Les appellations restent inchangĂ©es, les produits de base Ă©galement dans la grande majoritĂ© mais les modes dâextraction sont plus rapides, moins affinĂ©s. Souvent les agents conservateurs sont remplacĂ©s par des succĂ©danĂ©s moins coĂ»teux quand ils ne sont pas tout simplement supprimĂ©s. Devant ce fait accompli, le restaurateur a bien du mal Ă y retrouver son latin. MĂȘme la colle forte composĂ©e de colle de nerf additionnĂ©e de colle dâos ne colle plus comme avant ! ⊠Quant aux colles de poisson et de lapin, mĂȘmes causes, mĂȘmes effets ! ⊠Alors, que faire ? Laisser de cĂŽtĂ© les vieux grimoires et les recettes apprises au compte-gouttes aprĂšs de longues annĂ©es de pratique, pour tout recommencer avec des produits de synthĂšse ?⊠Ou continuer, tĂȘte baissĂ©e, Ă nâutiliser que des produits traditionnels qui ont fait notre rĂ©putation, mais dont les mauvais rĂ©sultats nous obligent Ă innover du soir au matin ? En fait, aucune de ces deux solutions nâest constructive la premiĂšre, parce que nous ne pouvons bĂ©nĂ©ficier de lâexpĂ©rience suffisante concernant le vieillissement des produits nouveaux ; la seconde, parce que le praticien avance Ă tĂątons et risque de commettre des erreurs Ă son insu. Il faut donc analyser, cas par cas, chaque Ă©chantillon, avec des habituĂ©s des produits dâavant-guerre et actuels, avec les fabricants et ne pas hĂ©siter au besoin Ă faire appel aux chimistes des Instituts de Restauration EuropĂ©ens, comme lâIRPA, lâICCROM, ou lâIFROA 1. Les syndicats et associations professionnelles, dont la sauvegarde de la qualitĂ© des produits utilisĂ©s devrait ĂȘtre le principal souci, se dispersent trop souvent dans les querelles intestines et leurs horizons semblent parfois limitĂ©s aux recouvrements des cotisations. La section française de lâIIC International Institute of Conservation, qui est une association mondiale, se propose de rĂ©soudre ce genre de problĂšme, mais elle ne dispose pas suffisamment de fonds, donc de moyens et son action sâen trouve limitĂ©e. 1 IRPA Institut de Restauration du Patrimoine Artistique, parc du Cinquantenaire, Bruxelles, Belgique. ICCROM 13, via di San Michele, Rome, Italie. IFROA Institut Français de Restauration des Objets dâArt, rue Berbier-du-Metz, Paris. Pourquoi des colles animales ? La peau, lâos, le nerf donnent du collagĂšne utilisĂ© pour les gĂ©latines, cosmĂ©tiques ou alimentaires, ou pour la colle. Les fibres protĂ©iniques qui constituent une partie des os, des nerfs ou de la peau ont le pouvoir combinĂ©es Ă lâeau chaude, de se dissocier, additionnĂ©es dâeau, de former une gĂ©latine souple lorsque la tempĂ©rature descend en dessous de 20°C, de sâaccrocher par liaisons hydrogĂšnes entre elles et aux corps organiques lorsque la molĂ©cule dâeau qui sâimmisce entre chaque pontage disparaĂźt soit par Ă©vaporation, soit par attirance molĂ©culaire avec le support, comme dans le cas du bois ou par aspiration capillaire comme dans le cas des charges poreuses craie, plĂątre mort qui constituent les apprĂȘts de la dorure sur bois. Une colle forte de moins en moins fiable. Les fibres protĂ©iniques dâos mĂ©langĂ©es Ă celles de nerfs donnent une colle moyennement souple, trĂšs dure, voire cassante si la proportion dâos est trop importante. La âcolle de Neversâ, dont la production est stoppĂ©e depuis plus de 30 ans, Ă©tait la plus prisĂ©e des Ă©bĂ©nistes. LivrĂ©e en plaques brunes dâenviron 1 cm dâĂ©paisseur, elle nâen Ă©tait pas moins transparente comme le verre, ce qui Ă©tait la preuve dâune prĂ©paration parfaite. Aujourdâhui, le traditionnel bain-marie en cuivre mijote toujours dans un coin de lâatelier de lâĂ©bĂ©niste-restaurateur pour tenir la colle Ă la bonne tempĂ©rature 60°C environ. Mais lâadhĂ©rence des collagĂšnes est mĂ©diocre et le placage au marteau devient moins aisĂ©. Le restaurateur est de moins en moins certain de la fiabilitĂ© de son travail et les mauvaises surprises ne manquent pas dâarriver au vernissage, ou quelques mois aprĂšs, quand le meuble se stabilise hygromĂ©triquement. Sâil y a encore quelques annĂ©es il Ă©tait facile dâincriminer lâĂ©bĂ©niste lors dâapparition de cloques sous le placage, il est prĂ©fĂ©rable aujourdâhui dâavoir un jugement beaucoup plus rĂ©servĂ©. Au vu de ces alĂ©as, les fabricants de meubles nâutilisent plus que des colles synthĂ©tiques, plus sĂ»res mais irrĂ©versibles. La rĂ©versibilitĂ© en restauration. Le problĂšme de rĂ©versibilitĂ© en restauration est primordial puisque dans le principe, le restaurateur ne peut y dĂ©roger. Dans ce cas prĂ©cis, doit-il utiliser une mauvaise colle rĂ©versible ou une bonne colle irrĂ©versible ?⊠Il risque moins dâennuis dans lâimmĂ©diat dans le second cas mais, lorsque la colle vieillira et quâelle sera devenue cassante, le placage risque de sâarracher par plaques et il faudra gratter jusquâau fĂ»t pour exĂ©cuter la ârestaurationâ. Alors que dans le premier cas il suffit de rĂ©chauffer le placage avec une pattemouille pour ramollir la colle forte et dĂ©coller dĂ©licatement les placages pour les restaurer ! ⊠Le problĂšme reste donc la qualitĂ© des colles traditionnelles. Il faut donc essayer de reproduire Ă tout prix de bonnes colles protĂ©iniques puisquâelles sont actuellement les seules Ă ĂȘtre facilement rĂ©versibles et ce, mĂȘme aprĂšs plus de 200 ans ! La colle de peau de lapin est un exemple type. DĂGĂNĂRESCENCE ET RENAISSANCE DE LA COLLE DE PEAU DE LAPIN Depuis quelques annĂ©es, la qualitĂ© de la colle de peau de lapin utilisĂ©e entre autres par les doreurs sur bois ne cesse de dĂ©croĂźtre. Les plaques vendues au mois de mai 1988 Ă©taient si mauvaises que la situation Ă©tait devenue catastrophique. La colle, prĂ©parĂ©e en gĂ©latine, pourrissait le lendemain, le gros blanc ne pouvait ĂȘtre conservĂ© plus de 2 jours et sâeffritait en poudre fine une fois sec. Ceci arrivait juste au moment oĂč nous travaillions sur des moulures pour lâalcĂŽve de la chambre de Louis XV, au ChĂąteau de Versailles. Un travail qui ne souffre donc aucune faiblesse et dont la longĂ©vitĂ© doit ĂȘtre assurĂ©e pour plus de 100 ans. Un seul fabricant en Europe Il fallut trouver rapidement une solution. Je commençais par rechercher les coordonnĂ©es de tous les fabricants. AprĂšs de nombreux appels tĂ©lĂ©phoniques, je finis par dĂ©couvrir quâil nâen restait quâun seul en Europe, et que tous ceux qui prĂ©tendaient avoir cette qualitĂ© nâĂ©taient en fait que des revendeurs. Il sâagit des Etablissements Georges Alquier, situĂ©s Ă une centaine de kilomĂštres de Toulouse, qui fabriquent, entre autres, cette colle de peau de lapin. Il existait encore aprĂšs la derniĂšre guerre deux fabricants de colle de peau de lapin en France, la Maison Totin FrĂšres et la Maison Chardin. La visite Ă lâusine La visite Ă lâusine sâimposait. Certains clients Ă lâodorat dĂ©licat se plaignent de lâodeur qui rĂšgne dans les ateliers oĂč une plaque de colle chauffe au bain-marie⊠Je les imaginais ici, oĂč plusieurs tonnes de peaux dĂ©coupĂ©es en vermicelles subissent les assauts du soleil, des mouches et de la vermine aucun mot ne peut expliquer cette odeur de pourriture et de dĂ©composition ! ⊠Les Directeurs, Bernard et Michel Alquier, me firent visiter tous les secteurs de lâusine sans aucune dissimulation et mâavouĂšrent quâils envisageaient de stopper la fabrication de la colle de peau de lapin, le marchĂ© Ă©tant de plus en plus rĂ©duit. Les chiffres parlent eux-mĂȘmes de 165 tonnes en 1968, la production est tombĂ©e Ă 53 tonnes en 1987 ! ⊠Cette chute impressionnante est redevable aux professionnels de lâameublement moderne qui se sont tournĂ©s vers les produits de synthĂšse pour exĂ©cuter leurs laques, et aux plĂątriers qui prĂ©fĂšrent la colle de peau atomisĂ©e extraite de peaux dâovins et de bovins prĂ©alablement chaulĂ©es production majeure des Etablissements Georges Alquier, le plĂątre mĂ©langĂ© Ă la colle de peau sâenduit plus facilement, accroche mieux la peinture, devient plus dur et ralentit sa prise. PrĂ©paration des peaux Il est loin le temps oĂč les ramasseurs de peaux parcouraient les campagnes pour fournir les fabricants de colle. Aujourdâhui les peaux arrivent Ă lâusine dĂ©coupĂ©es en fins vermicelles, sĂ©parĂ©es mĂ©caniquement des poils. Les fournisseurs ne sont plus que quelques usines spĂ©cialisĂ©es dans le recyclage des poils de lapin pour lâindustrie textile. Les lapins proviennent dâĂ©levages intensifs, parquĂ©s dans des cages et nâont jamais ni mangĂ© ni vu le moindre brin dâherbe. Il sâensuit une dĂ©gĂ©nĂ©rescence de la colle que lâon remarque dĂšs les annĂ©es 1950. Les vermicelles nâĂ©tant pas passĂ©s Ă la chaux, comme les peaux entiĂšres, pour ĂȘtre dĂ©barrassĂ©es des poils, la colle contient un pourcentage Ă©levĂ© de poils qui varie selon le soin apportĂ© aux filtrages. Lâextraction de la gĂ©latine Les balles de vermicelles de peau sont placĂ©es successivement dans quatre grandes cuves remplies dâeau chaude, dont la tempĂ©rature du bain dĂ©bute dans la premiĂšre Ă 60°C, pour finir Ă 80°C dans la derniĂšre. Chaque cuisson dure une heure. Le âjusâ issu de la premiĂšre cuve est le plus chargĂ© en collagĂšne et, bien entendu, le meilleur. Les autres âjusâ sont de plus en plus pauvres en collagĂšne, et la tempĂ©rature doit ĂȘtre augmentĂ©e pour les extraire, au risque de dĂ©naturer les fibres. Ces quatre âjusâ sont ensuite rĂ©unis, filtrĂ©s au tamis et envoyĂ©s Ă un sĂ©choir dessiccateur tombant, qui rĂ©duit la proportion dâeau de 50 % Ă 20 %. Cette gĂ©latine est alors coulĂ©e dans des moules de 1 m x 2 m x 0,30 m dâĂ©paisseur, pour former, en refroidissant, de grandes dalles de colle souple. Les dalles sont ensuite dĂ©coupĂ©es en pavĂ©s puis en plaques. Il ne reste plus quâĂ disposer ces plaques souples sur des chĂąssis grillagĂ©s et Ă enfourner le tout dans le long couloir du sĂ©choir final, Ă 36°C avec soufflerie, oĂč elles prendront leur aspect dĂ©finitif. Les plaques prises dans la surface et dans le fond de la dalle contiennent plus dâimpuretĂ©s que les autres, et sont dirigĂ©es vers le broyage pour la fabrication de la colle de peau de lapin en poudre. Lâutilisation de la colle de peau de lapin en dorure sur bois Les plaques sĂšches sont commercialisĂ©es, mais ne peuvent ĂȘtre utilisĂ©es sous cette forme. Elles doivent ĂȘtre diluĂ©es dans 90 % de volume dâeau chauffĂ©e Ă 60°C pour reformer une gĂ©latine propre Ă lâemploi. Il va sans dire quâaujourdâhui ce pourcentage est tout Ă fait alĂ©atoire selon les arrivages de colle. Certains doreurs, se plaignant rĂ©cemment que la colle irritait lâintĂ©rieur de leur bouche lorsquâils y mettaient le blanc 1 en attente, le fabricant diminua de moitiĂ© lâadjonction de phĂ©nol. Cette rĂ©duction de lâagent conservateur modifia le temps de conservation de la colle sous sa forme gĂ©latineuse prĂȘte Ă lâemploi de sorte quâau bout dâune journĂ©e dâĂ©tĂ©, elle Ă©tait bonne Ă jeter. Mise au point et test dâune nouvelle colle de peau de lapin Lors de ma visite, B. et M. Alquier mâont assurĂ© quâils Ă©taient prĂȘts Ă tenter dâĂ©laborer une nouvelle colle aux qualitĂ©s exceptionnelles. LâĂ©tude du produit, rĂ©alisĂ©e avec le concours de lâIDETH 2, montre quâil Ă©tait temps de mettre en relation le fabricant et les utilisateurs. Nous avons donc rĂ©alisĂ© de nombreux tests sur des Ă©chantillons remontant parfois Ă plus de quarante ans. Ces tests parlent dâeux-mĂȘmes voir tableau. 2 Institut dâEtudes Techniques et Historiques des objets dâArt, 11 rue Saint-Simon, Versailles ViscositĂ© engler 10 % concentration Force en gelĂ©e en BLUM Colle CHARDIN vers 1983 1,9 380 Colle CHARDIN vers 1988 1,8 300 Nouvelle colle octobre 1988 2 400 LA FABRICATION DE LA COLLE DE PEAU DE LAPIN 2. Nettoyage et hydratation des balles dans une cuve avant de commencer les opĂ©rations dâextraction. 3. Batterie des quatre cuves chauffantes. La balle est placĂ©e successivement dans les cuves sont la tempĂ©rature augmente de 60 °C Ă 80 °/ 90 °C. Les quatre jus sont mĂ©langĂ©s et envoyĂ©s dans des cuves de dĂ©cantation. 4. Vermicelles de colle de peau de lapin avant extraction du collagĂšne. On remarquera les petites touffes de poils qui subsistent. 5. Vermicelles aprĂšs extraction du collagĂšneâmarcâ. On remarque quâil reste encore beaucoup de matiĂšre Ă extraire, ainsi que la vermine cuite deux taches sombres. 6. AprĂšs le passage au sĂ©choir dessiccateur Ă flots tombants et filtrages, le jus est coulĂ© dans des formes rectangulaires et forme en refroidissant de grandes dalles souples qui sont dĂ©coupĂ©es en fines plaquettes et placĂ©es sur des clayettes grillagĂ©es. Elles sont ensuite sĂ©chĂ©es dans le long couloir du sĂ©choir d air pulsĂ©, pour ĂȘtre prĂȘtes Ă la commercialisation. 7. Les balles de vermicelles de peau de lapin sont stockĂ©es dans un hangar parfois plusieurs mois avant dâĂȘtre utilisĂ©es. Cette nouvelle colle est extraite en quatre distillations Ă 60°C, Ă partir de vermicelles sĂ©lectionnĂ©s. Les meilleures peaux Ă lâĂ©chelon industriel proviennent du Limousin, mais sont Ă©videmment plus onĂ©reuses que celles dâEspagne ou dâAmĂ©rique Latine, qui ne possĂšdent pas la mĂȘme souplesse. Le filtrage est Ă©galement amĂ©liorĂ© Ă 50 microns pour confĂ©rer Ă cette nouvelle colle ses qualitĂ©s, hier normales, maintenant exceptionnelles. Un soin particulier est apportĂ© Ă chaque Ă©tape, comme lâĂ©cumage et la mise hors poussiĂšre de la gĂ©latine. Chaque plaque est aujourdâhui poinçonnĂ©e pour Ă©viter toute confusion ou fraude. COLLE DE POISSON ET MARQUETERIE Lorsque AndrĂ©-Charles Boulle dĂ©veloppa la technique des meubles marquetĂ©s dâĂ©caille de tortue, il se trouva confrontĂ© trĂšs rapidement aux problĂšmes de la conservation de ses oeuvres. Les provenances minĂ©rales et organiques ne lui simplifiĂšrent pas la tĂąche dâun cĂŽtĂ© le mĂ©tal utilisĂ© en filet ou silhouette, et de lâautre lâĂ©caille de tortue, la corne de bovin, lâivoire, lâos et le bois qui ne rĂ©agissent pas de la mĂȘme façon aux variations thermiques et hygromĂ©triques ambiantes. Le bois par exemple se gonfle en prĂ©sence dâhumiditĂ© humiditĂ© relative de lâair et se rĂ©tracte en prĂ©sence dâair sec. Le laiton ou lâĂ©tain utilisĂ©s en marqueterie se dilatent uniquement Ă la chaleur et se rĂ©tractent lorsque la tempĂ©rature descend. Ces fauteuils et ces cadres de cet intĂ©rieur parisien ont nĂ©cessitĂ© pour leur dorure six plaques de colle de peau de lapin et la vitrine au moins deux plaques de colle dos mĂ©langĂ©e Ă de la colle de nerf pour maintenir sa marqueterie. Console des frĂšres Slodtz â milieu du XVIIIe siĂšcle â ChĂąteau de Versailles â Cabinet de la pendule. Les meubles mais aussi les boiseries dorĂ©es font appel Ă la colle de peau de lapin pour les enduits. ChĂąteau de Cormatin â Coffre de cheminĂ©e en bois dorĂ© et polychromĂ©. DĂ©but XVIIe siĂšcle. Le fond des panneaux est en azurite, les cartouches et les chutes de fruits rehaussĂ©s dâor appliquĂ© Ă la feuille sur un âenduit tamponâ Ă la craie additionnĂ©e de colle de peau. Ici, peut-ĂȘtre plus quâailleurs, la colle doit assurer son rĂŽle dâĂ©lasticitĂ© pour suivre les variations dimensionnelles du bois soumis tantĂŽt Ă de fortes tempĂ©ratures tantĂŽt au froid. Une âmarqueterie Boulleâ placĂ©e dans un air chaud et sec travaille dâune maniĂšre contrariĂ©e lâĂąme et les placages en bois se rĂ©tractent alors que la marqueterie en mĂ©tal se dilate et sort au besoin de son emplacement. LâĂ©lĂ©ment absorbant du jeu de la marqueterie la colle La colle mise au point pour maintenir ces Ă©lĂ©ments instables doit non seulement les accrocher sur le support, au moyen des liaisons hydrogĂšnes pour lier les matiĂšres organiques, mais aussi ĂȘtre trĂšs souple et assez Ă©paisse pour faire office de film tampon et absorber une partie des variations dimensionnelles des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments constitutifs en prĂ©sence. Le collagĂšne semble ĂȘtre prĂ©disposĂ© Ă cette mission, mais tous les collagĂšnes nâayant pas les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s, une sĂ©lection sâimpose. Le collagĂšne extrait de la peau de lapin ou jadis du mouton, forme un film trop fin pour remplir cette mission. Celui extrait des os et des nerfs des bovins, utilisĂ© encore en Ă©bĂ©nisterie pour les placages en bois, forme un film suffisamment Ă©pais mais devient trop rigide et vite cassant. Une matiĂšre premiĂšre idĂ©ale mais qui, hĂ©las, nâexiste plus Ce dĂ©licat problĂšme fut en partie rĂ©solu les fils et petits-fils de AndrĂ©-Charles Boulle restaurĂšrent continuellement les oeuvres de leur aĂŻeul par lâutilisation de la colle de poisson. Mais pas de nâimporte quel poisson, ni de quelle partie du poisson. II sâagit de lâesturgeon, et plus prĂ©cisĂ©ment de la vessie natatoire. La vessie natatoire de lâesturgeon est une membrane qui se dilate ou se rĂ©tracte en permanence pendant la vie du poisson. Les fibres protĂ©iniques du collagĂšne qui entrent dans sa constitution possĂšdent la particularitĂ© dâĂȘtre excessivement souples. Lâextraction de la colle se fait de la mĂȘme maniĂšre que pour les autres colles protĂ©iniques. La colle de vessie natatoire forme un joint Ă©lastique qui ne durcit jamais complĂštement. Cette colle de poisson nâexiste plus de nos jours et celle que nous trouvons dans le commerce est extraite des tĂȘtes, peaux et arĂȘtes des poissons sans aucune sĂ©lection des espĂšces. Les Ă©lĂ©ments de base sont recueillis dans les usines de conserve et de surgelĂ©s. Il y a un Ă©norme fossĂ© entre la colle de poisson du XVIIIĂš siĂšcle et la colle de poisson actuelle comme lâattestent leurs propriĂ©tĂ©s. La nouvelle colle ne peut plus convenir Ă la marqueterie Boulle et le restaurateur devra se tourner vers dâautres colles. LE SUCCĂS ĂPHĂMĂRE DES COLLES SYNTHĂTIQUES De nombreuses tentatives ont Ă©tĂ© entreprises depuis leur mise au point pour subvenir aux besoins des restaurateurs. Celles qui connurent le plus de succĂšs furent lâaraldite Ă prise lente, les colles NĂ©oprĂšne semi-contact et les colles vinyliques. Lâaraldite standard Câest une rĂ©sine Ă©poxy Ă prise lente, Ă deux composants, qui forme un film pouvant ĂȘtre trĂšs Ă©pais et relativement souple. LâadhĂ©sion avec les mĂ©taux est trĂšs bonne grĂące aux liaisons molĂ©culaires, bonne avec le bois , grĂące Ă lâaccrochage mĂ©canique dans les vaisseaux et les pores, moyenne avec lâĂ©caille et la corne. Devant ce rĂ©sultat assez satisfaisant lâaraldite standard remporta un Ă©norme succĂšs jusquâĂ ce que les premiers inconvĂ©nients apparaissent dix ans plus tard vers les annĂ©es 1970. LâhumiditĂ© contenue en permanence dans le bois migre vers la surface lorsque lâair ambiant est assĂ©chĂ© comme nous lâavons dĂ©jĂ vu. Ne pouvant traverser le film de la colle, elle se concentre contre la paroi de la colle et conduit parfois Ă une condensation en eau. Les moisissures se dĂ©veloppent alors provoquant une dĂ©gradation interne qui se matĂ©rialise par une pourriture du bois. La marqueterie liĂ©e Ă lâaraldite se dĂ©colle de son support et le restaurateur devra ĂŽter mĂ©caniquement la rĂ©sine. Ceci reste excessivement dĂ©licat et long, vu les Ă©paisseurs en question. Le vieillissement de lâĂ©poxy pose Ă©galement un problĂšme puisque ses deux composantes sont souvent mĂ©langĂ©es au jugĂ© de par leur conditionnement. La colle nâatteint donc pas toujours ses qualitĂ©s optimales et sâen trouve fragilisĂ©e. LâirrĂ©versibilitĂ© de la rĂ©sine Ă©poxy dans le bois pose Ă©galement un problĂšme. Comment restaurer, par exemple, un siĂšge dont les assemblages ont Ă©tĂ© bourrĂ©s dâaraldite ? La rĂ©sine sâest dissociĂ©e du bois, lâassemblage prend du jeu et nâest plus fonctionnel. Mais la rĂ©sine faisant bloc, lâassemblage ne peut ĂȘtre ouvert et risque de porter Ă faux et de casser. Pour toutes ces raisons, cette rĂ©sine Ă©poxy est bannie aujourdâhui de tous travaux de restauration. Les colles NĂ©oprĂšne semi-contact Elles forment des films trĂšs souples fins et peu accrocheurs sur les bois abĂźmĂ©s et fragilisĂ©s. MalgrĂ© de bons rĂ©sultats dans lâimmĂ©diat, leur vieillissement rapide et leur irrĂ©versibilitĂ© les excluent Ă©galement de tous travaux de restauration. Il nâen est pas de mĂȘme dans lâindustrie moderne oĂč elles sont trĂšs en faveur, car les matĂ©riaux utilisĂ©s sont neufs, propres et les critĂšres de longĂ©vitĂ© et de rĂ©versibilitĂ© bien diffĂ©rents. La colle vinylique La colle vinylique appelĂ©e communĂ©ment en atelier âColle blancheâ est une Ă©mulsion dâacĂ©tate de polyvinyle dans de lâeau. Elle possĂšde donc une apparence laiteuse, comme toutes les Ă©mulsions aqueuses. Apparue au lendemain de la seconde guerre mondiale, on la trouve actuellement adaptĂ©e Ă divers temps de prise, pour coller le bois comme les textiles. La colle vinylique destinĂ©e au bois se fixe molĂ©culairement et mĂ©caniquement sur le subjectile sans film. Le collage se fait sous pression pour Ă©liminer la formation dâun film de colle qui gommerait et formerait une zone de faiblesse. Les surfaces doivent ĂȘtre en contact, lisses et propres pour obtenir le rendement maximum. Cette colle est trĂšs rĂ©pandue dans lâindustrie de lâameublement en bois. Mais en restauration, oĂč les surfaces ne sont jamais parfaitement en contact et oĂč la mise sous pression peut engendrer des dĂ©gradations, comme dans le cas de bois vermoulus, la colle blanche doit ĂȘtre utilisĂ©e avec prudence. Sa rĂ©versibilitĂ©, Ă lâeau, nâest pas Ă©vidente in situ. LA MEILLEURE SOLUTION LA COLLE FORTE La colle forte des Ă©bĂ©nistes se compose de fibres protĂ©iniques extraites des os et des nerfs des bovins par un procĂ©dĂ© analogue Ă celui de lâextraction de la colle de peau. Lâattention apportĂ©e Ă la prĂ©paration des plaques joue Ă©galement un rĂŽle primordial dans la qualitĂ© du produit fini. La qualitĂ© actuelle nâest plus ce quâelle Ă©tait il y a trente ans. Les marqueteurs mĂ©langeaient eux-mĂȘmes la colle dâos Ă la colle de nerf pour obtenir le rendement optimum pour la marqueterie Boulle. Il semble que des rĂ©sultats similaires Ă la colle de vessie natatoire dâesturgeon furent obtenus au XIXe siĂšcle en relevant les frĂ©quences des interventions des restaurateurs. Quoique aujourdâhui la qualitĂ© de la colle forte laisse Ă dĂ©sirer, elle apparaĂźt tout de mĂȘme comme la meilleure colle pour la marqueterie Boulle en remplacement de la colle de peau de poisson dâautrefois. LâadhĂ©sion chimique qui est mĂ©diocre avec le mĂ©tal est compensĂ©e par lâapplication dâun agent tensioactif comme lâail et augmentĂ© par un accrochage mĂ©canique grĂące aux nombreux sillons griffĂ©s dans la partie mĂ©tallique de contact. Deux choses mâont frappĂ©. La premiĂšre, quâil nâexiste toujours pas de label de protection garantissant la stabilitĂ© et lâorigine des composants dans les produits utilisĂ©s par les Ă©bĂ©nistes, doreurs et restaurateurs dâart. La seconde, quâaucun doreur ni institut nâavait pris le problĂšme Ă sa source en contactant le fabricant. Cartel par le Roy Ă Paris. La laque verte rehaussĂ©e de roses et dâanimaux est appliquĂ©e sur lin enduit composĂ© de craie et de colle de peau de lapin. Colonne tronquĂ©e en chĂȘne peint en faux marbre et poirier sculptĂ© Ă la feuille dâor, posĂ©e Ă lâeau avec effets de brubis et de mats. ExĂ©cutĂ©e en 1977 dans les ateliers de restauration du ChĂąteau de Versailles, menuiserie et sculpture Gilles Perrault, cette colonne qui fait partie dâune paire a Ă©tĂ© scrupuleusement reproduite ,selon les inventaires dâĂ©poque. Le fĂ»t est creux, en chĂȘne dont les ais sont assemblĂ©s Ă pan octogonaux, les tigettes et asperges en poirier ainsi que la base. Le faux marbre comme la dorure sont rĂ©alisĂ©s sur un enduit Ă la colle de peau de lapin additionnĂ©e de craie. Article & Photographies © Revue Experts
Leblanc de Meudon est un carbonate de calcium. Il est appelé aussi blanc d'Espagne ou blanc de craie. Il s'agit d'un pigment de charge ou d'un pigment extendeur. Il est utilisé dans la composition de peintures à base de pigments et d'huile de lin ou dans la fabrication de peinture à la caséine (peinture de lait). Il est aussi trÚs utilisé avec la colle de peau de lapin pour la